dimanche 17 juillet 2016

Coq de combat: à la vie, à la mort!





Fiche technique globale


Titre VO: 軍鶏
Titre traduit: Shamo
Dessin : : TANAKA Akio
Scénario :: HASHIMOTO Izo
Editeur VF : Delcourt
Type: Seinen
Genre: Suspense, Sport
Editeur VO: Kôdansha
Editeur VO 2: Futabasha
Prépublication: Evening
Prépublication 2: Manga Action
Illustration: n&b
Origine: Japon - 1998 / 2015
34 tomes, série complète.
Prix: environ 8€

Résumé wikipédia

À 16 ans, Ryo Narushima, jeune lycéen doué, a poignardé ses propres parents. Placé en maison de correction, il va subir la violence et les humiliations de ses codétenus et des gardiens. Coups, mitard, agression sexuelle... La rencontre d'un étrange détenu politique, un certain Kenji Kurokawa, expert en karaté, va changer le cours de son existence et faire de lui un véritable coq de combat, prêt à tout pour ne pas se faire tuer. Une fois purgée sa peine, il sera tour à tour prostitué pour femmes, homme de main dans un gang puis sportif de haut niveau, évoluant en marge de la société japonaise occidentalisée et construisant son propre karaté au fil des rencontres.


L'avis du VieuxGeek: série mythique (du moins, jusqu'au T.13). Après, ça reste sympa.

Coq de combat, c'est un peu ma Madeleine de Proust (je ne comprends pas ma citation). Cette série m'a véritablement trouée le cul (bon, sauf la fin...). Mais détaillons pourquoi...
...T'aurais mieux fait de rester couché ce matin là, mon bon Ryo...


Un ado brisé avant de commencer à exister
Dans un premier temps, le manga nous montre ce que deviendra le quotidien d'un ado japonais ayant littéralement pété les boulons, allant jusqu'à poignarder ses deux parents. C'est, je pense, assez difficile à comprendre pour nous pauvres occidentaux que nous sommes car nous ne subissons pas de telles pressions (je parle pour moi...). Mais c'est tellement parlant... Oppressé, condamné à être normé, Ryo craque. Il finit en centre de correction où il connaîtra toute les horreurs humaines existantes. Cette première partie du manga, où il apprends le karaté-survie (on y viendra après), relève du pur génie. Sans déconner et je pèse mes mots. On a tous ressenti ce terrible sentiment de frustration quant à la norme à suivre (sauf si vous êtes un mouton-né. Dans ce cas, retournez mater un PSG-OM et continuez à disserter pour savoir si une Audi est mieux qu'une Volkswagen. Oui, mon brillant esprit est au delà de ça! Et non, je ne crie pas "poooo-po-po-po-po-lo-po" à chaque fois que la France marque un but. Et sachez que les Golf première génération sont les plus classes). C'est complètement dérangeant de voir Ryo s'enfoncer dans des ténèbres sans fin, sans espoir de rédemption, malgré sa soif de vivre... Donc, oui, l'aspect social est pertinent lors de la première partie de la série.

La suite, où il tombera dans la prostitution, dans la drogue, les combats clandestins etc., reste toute aussi excellente que la première. Selon moi, là où ça se gâte, c'est lorsqu'il est confronté au mec-singe-à-un-bras. Mais ça passe (vite fait). Il faut savoir que la série a été longtemps interrompue. Les auteurs ayant eut un désaccord (apparemment, le dessinateur se plaignait que le scénariste ne lui lâchait que quelques lignes pour les scripts). C'est vraiment sur la fin que le scénario part en couille (et on a déjà du mal à comprendre pourquoi Toma, le danseur du pénultième arc, veut à tout prix sortir Ryo de sa merde).

La qualité du dessin est une des forces de ce manga. Mikazuki geri jodan dans ta gueule, enfoiré!


Survivre
L'aspect Arts-martiaux est quant à lui extrêmement passionnant. Alors, bien évidemment, ça parlera plus à des gars que le sujet captive (et ceux qui lisent les chroniques martiales de Plée seront aux anges). Le karaté y est abordé dans sa forme la plus primaire (donc la plus intéressante. Ceux qui ne sont pas d'accord parmi vous, mes 2 fidèles lecteurs, sachez que je vous mépriserai pendant 666 générations). C'est à dire le karaté-survie. Pas celui où l'on fait semblant de chercher un épanouissement spirituel en se branlant sur des katas tronqués, non, mais bien celui où l'on doit rester le dernier debout pour continuer à vivre en utilisant tous les moyens à disposition. On y apprendra à "tricher" pour gagner (briser les normes pour survivre. Toujours cette fameuse norme), on se rendra compte que pour chaque côté visible/montrable d'une discipline, il existe un pendant négatif/caché/secret (Cf. le clan des dogi noir, et je ne vous en dit pas plus). Franchement, coq de combat est un excellent livre de philosophie sur les arts-martiaux pour celui qui sait lire entre les lignes. Jugez-en vous même. Malheureusement, cet aspect disparaît complètement lors du dernier arc de l'histoire (le clan des égouts).

Ceux qui sont intéressé par le sujet martial, vous pouvez commencer par ça par exemple.


On termine?
La fin de la série est cependant très décevante. Notamment parce que l'arc final "le clan des égouts" est une grosse bouffonade (merci d'ajouter ce néologisme dans votre dico et de me citer comme inventeur du-dit terme). On est à mille lieux du coq de combat des débuts. L'aspect "social et martial" qui a fait le succès de la série est ici complètement inexistant. Les derniers tomes se lisent en 10 minutes montre en main, la fin [SPOILER DE LA MORT] et quant à elle décevante: Ryo meurt après un combat contre le guignol à couette. Sérieux les gars... Vous auriez pu trouver mieux. Ryo se devait de mourir, certes, mais là... Ca pue la fin mal torchée. On n'entend plus parler de Sugawara, un personnage génial (le pendant positif de Ryo), on voudrait savoir ce que deviendra la sœur de Ryo, l'avenir de Tokichi... Bref, fait chier. [FIN DU SPOILER].


Conclusion
Une série magistrale qui finit un peu en queue de poisson... Mais la louper serait une pur hérésie tant la première moitié de la série est un putain de chef d’œuvre. Bon, je retourne bosser mes katas de ceinture blanche et vais tuer un ours à mains nues.

PS: j'ai l'intégralité de la série en 1ère édition. Comment ça vous en avez rien à foutre?
PPS: sans déconner, lisez-les et ne regardez surtout pas le film qui est une sombre merde. Le voici, mais je vous aurez prévenu....